Toujours plus de déplacés au Burkina Faso

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Le 19 juin dernier, des hommes armés ont surgi dans les communes de Nasséré, une des communes de la province du Bam au centre nord du Burkina, située à une vingtaine de kilomètres de Kongoussi, sur le tronçon Kongoussi-Kaya, et Biliga, un village de la dite commune. Ces hommes, pas forcément très nombreux mais lourdement armés, sont arrivés dimanche 19 juin, ils ont d’abord saboté l’antenne de deux réseaux de téléphonie mobile avant d’intimer l’ordre aux populations civiles de quitter leurs villages sous 3 jours.
La raison du surgissement soudain de ces hommes armés sur ces villages dimanche 19 juin n’est pas claire, si ce n’est que juste avant, dans la nuit du 18 au 19 juin, le site d’orpaillage artisanal de Biliga a été bombardé faisant plusieurs morts et blessés. On ne sait s’il y a un lien entre ces événements.
Ces villageois sahéliens sont obligés de prendre leurs baluchons et fuir sur les routes, quittant leurs potagers et leurs champs, qui constituent leurs ressources fondamentales de survie dans une géographie physique déjà très ingrate, puisque le climat déréglé impose une longue attente de la saison des pluies et parfois, envoie des pluies trop violentes et dévastatrices, détruisant les récoltes.
Ces villageois en fuite, familles entières, bébés, vieillards, femmes enceintes, viennent gonfler les quartiers périphériques de la ville de Kongoussi, à 1 h de route de Ouagadougou la capitale, située au centre du Burkina Faso.

Les gens de Kongoussi font le maximum pour accueillir les déplacés. Eux-mêmes vivent dans la peur, craignant à tout moment d’être assaillis par ces hommes armés, dont on ne sait véritablement qui ils sont. Sachant que les organisations terroristes sahéliennes connues comme ACMI ou Etat Islamique recrutent depuis déjà longtemps leurs combattants au sein même de la population en leur faisant miroiter on ne sait quelle récompense…
Parmi ces gens de Kongoussi, figure notre correspondant local des parrainages à Ouagadougou : Jean-Marie Sawadogo. Vieil ami de ARM depuis 30 ans, rouage essentiel de la bonne orientation de l’aide d’ARM sur place, Jean-Marie a ouvert les portes de son établissement de scolarisation à Kongoussi, 10 salles de classe, afin d’abriter plus de 600 familles, protéger ces personnes déplacées, leur permettre de dormir sous abri.

Il s’est tourné vers les agents sociaux de sa ville, dont on imagine qu’ils sont complètement débordés. Un recensement a été organisé pour avoir le compte exact des nouveaux arrivants, mais ce recensement risque d’être rapidement inexact tant les flux migratoires sont constants.
Étant donné la proximité de contact que nous avons avec notre correspondant pour les parrainages, Jean-Marie, il nous apparaît évident que nous devons l’aider dans son geste d’accueil vis-à-vis des déplacés, qui investissent un lieu absolument pas matériellement préparé ; ces gens ont besoin de vivres (riz, mil, maïs), d’eau potable, d’eau pour les cuissons et l’hygiène, de produits pour l’hygiène corporelle, de matériel sommaire pour vivre décemment (nattes, draps, balais, etc), de médicaments…
L’État burkinabé est actuellement dirigé par une junte militaire qui a dégagé le président démocratiquement élu, Christian Roch Kaboré, en janvier 2022, légitimant leur coup d’état par l’incompétence du président face à l’insécurité et aux tueries de la population civile par les terroristes. Malheureusement, depuis, l’insécurité n’est pas mieux contenue.

Implantés depuis des années au Mali et au Niger, et depuis 2015 aux frontières Nord et Est du Burkina, les terroristes descendent depuis 5 ans sur le Burkina Faso de plus en plus bas, ils environnent actuellement Kongoussi qui n’est qu’à une centaine de kilomètres de la capitale Ouagadougou. Il a été rapporté que, récemment, plusieurs hommes lourdement armés ont été aperçus vers le village de Basnéré, sur l’axe Kongoussi-Kaya et rassemblent souvent les populations sur la voie pour faire des prêches.

Les terroristes ne sont pas seulement actifs dans la partie Nord du pays mais également dans la partie Est, causant le déplacement des villageois de l’ Est qui, dans leur fuite, franchissent les frontières des pays voisins du Sud tels que le Togo et le Bénin, qui font preuve de solidarité en organisant un accueil dans des familles d’accueil. Néanmoins, le Togo et le Bénin, avec leurs voisins ghanéen et ivoirien, sont très inquiets d’être les prochaines cibles des terroristes. On assiste donc actuellement à une déstabilisation progressive de l’Afrique de l’Ouest.
Cette situation géopolitique internationale nous dépasse et nous accable, nous ARM qui œuvrons auprès des agents sociaux ouagalais depuis 25 ans afin que les enfants les plus vulnérables de Ouaga aient accès à l’alimentation, aux soins et à l’instruction. Néanmoins, il n’est pas question de baisser les bras devant la souffrance de nos frères et sœurs déplacés. Ainsi, cet article, dont le but était de vous informer de cette situation très peu médiatisée par nos grands médias nationaux, a aussi pour objectif de soulever une collecte de dons d’urgence qui iront directement sur notre compte ARM BURKINA afin que Jean-Marie notre correspondant puisse organiser avec l’Action Sociale de Kongoussi l’achat des besoins fondamentaux pour les déplacés qui se sont mis sous la protection de la ville de Kongoussi.

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